Les prix des produits de première nécessité au Togo connaissent une augmentation sans précédent ces derniers temps. Au rang des produits agricoles que les Togolais n’arrivent plus à acheter aisément se trouve le haricot. L’une des céréales les plus prisées au pays. Les consommateurs s’interrogent sur les motifs réels de l’augmentation excessive du prix de ce produit .
Longtemps considéré au Togo comme la nourriture des pauvres, le plat du haricot accompagné de l’huile rouge ou végétale (vèhi en éwé) a changé de statut ces dernières années. Ce plat bien prisé par les étudiants et les travailleurs des chantiers de construction (Maçons, menuisiers, électriciens, plombiers et autres), n’est plus à la portée de toutes les bourses. Les togolais ne mangent plus de haricot cuit et ses dérivés comme adôwè et gaou, des nourritures à base de haricot moulu et du ayimolou. Le prix du haricot a grimpé à une vitesse vertigineuse.
Tout comme d’autres céréales, le haricot est généralement vendu au bol au Togo. La mesure de ce bol varie d’une région, d’une préfecture ou encore d’un marché à un autre. Il y a encore quelques années, le prix du bol du haricot tournait autour de 600 FCFA (un peu plus d’un dollar). Actuellement dans les marchés de Lomé, le bol du haricot est vendu à plus de 3500 FCFA (pratiquement six dollars). C’est insoutenable pour la population.
Les revendeuses de céréales dans les marchés de Lomé tentent en vain de donner une explication à la hausse qui sort de tout entendement. «Cette augmentation ne dépend pas de nous. Nous fixons les prix des produits en fonction des prix des grossistes. C’est elles qui vont acheter les produits chez les paysans. Nous ne savons pas pourquoi ces derniers temps, ça coûte aussi cher.», explique Séfako Gatiglo, revendeuse de céréales au marché Adidogomé Assiyéyé. Une autre revendeuse semble connaître la vraie raison du prix exorbitant du produit. «Nous sommes en période de pénurie du haricot. L’augmentation du prix est due en partie celà. Dès la prochaine récolte, le prix va connaître une légère baisse mais on ne peut plus retourner aux anciens prix.», confie Lamégah Afi, une autre revendeuse de céréales au marché Adidogomé Assiyéyé. La récolte du haricot au Togo a lieu entre les mois de novembre et décembre.
Les Associations de défense des droits des consommateurs semblent trouver une explication rationnelle à cette augmentation record du prix du haricot. La Ligue des consommateurs du Togo (LCT) énonce trois facteurs qui pourraient justifier le prix actuel du haricot. Dr Emmanuel Sogadji, Président de cette organisation pointe du doigt la baisse de la quantité de production du haricot. Il parle de la régularité des saisons. La culture du haricot nécessitant une grande pluviométrie, il arrive que plusieurs localités productrices de ce produit, ne soient pas suffisamment arrosées ces derniers temps en termes de pluie. Et aussi, d’autres paysans sont tournés vers la culture de rentes, au détriment des cultures vivrières.
Selon le Président de la LCT, le peu de haricot produit au Togo et qui doit servir de consommation locale est souvent exporté. Le produit est actuellement prisé dans certains pays de la sous-région ouest-africaine et les commerçants n’hésitent pas à franchir les frontières togolaises avec le haricot. Tout ceci entraîne une spéculation qui ne dit pas son nom sur le prix du produit. Les commerçants font de la surenchère et ce sont les consommateurs qui paient le lourd tribut.
«Nous proposons que l’État puisse faire des contrôles et éviter que la porosité de nos frontières ne puisse aider certains commerçants véreux à exporter les produits agricoles. Nous avons besoin de nous nourrir d’abord avant de penser à exporter ces produits», affirme Dr Emmanuel Sogadji.
En dehors du haricot, le maïs, la farine de manioc, le sorgho, le mil et autres céréales et même des produits importés coûtent très chers dans les marchés et boutiques au Togo. Une action urgente doit être faite pour soulager les populations qui s’en sortent difficilement. Comme action, La LCT, suggère la baisse du prix des produits pétroliers.