Dans une correspondance adressée á la communauté catholique du Togo, le Père Jean-François MAWULI n’est pas allé du dos de la cuillère pour dénoncer la messe d’investiture du candidat Messan Agbeyome KODJO pour la présidentielle du 22 février, messe célébrée par Mgr Philippe Fanoko KPODZRO, archevêque émérite de Lomé.
gakogoe vous propose l’intégralité de la lettre.
LETTRE DU PERE JEAN-FRANÇOIS DU 03 FEVRIER 2020 A LA COMMUNAUTE CATHOLIQUE DU TOGO
Chers Frères et Sœurs en Christ,
Nous avons depuis quelques temps, lancé des cris d’alarme face aux
actions malencontreuses de certains de nos Pères, qui étaient de nature
à conduire la Communauté Catholique togolaise à la dérive.
« Nous avons constaté avec amertume que nos cris de détresse à l’endroit de nos Pères pour les alerter sur la gravité de la situation, n’ont pas bénéficié d’une oreille attentive. Pire, cela nous a même valu des menaces, voire des agressions verbales et physiques de certains pairs qui avaient pris une position tranchée dans le débat politique ».
À un moment
donné, nous avons souhaité nous tromper mais malheureusement, les derniers faits sont venus confirmer nos craintes.
« En effet, c’est avec beaucoup de désarroi que la grande communauté de nos fidèles a assisté le Samedi 1er Février 2020 à une scène unique en son genre où un symbole d’Etat a été remis à un candidat de la présidentielle du 22 février 2020, sur l’autel de Dieu. »
Cet acte qui rappelle
les incohérences reprochées à l’Eglise à l’époque médiévale, notamment
son instrumentalisation dans la guerre des croisades, est une profanation
patente aussi bien des symboles de la République que de l’Autel de Dieu.
« Toute la Communauté Catholique togolaise a été médusée par l’initiative de Mgr KPODZRO qui, à tout point de vue, sonne faux par rapport à l’éthique catholique. »
On sait depuis un certain temps que notre cher évêque émérite Mgr
KPODZRO, avec tout le respect qu’on lui doit, a adopté une ligne de
conduite qui ne cadre plus avec l’apostolat auquel il a fait vœux.
Mais ce qu’il va falloir admettre, c’est que Mgr KPODZRO n’est pas le seul coupable sur cette voie périlleuse. Il faut reconnaître que s’il a pu faire chemin jusqu’à en arriver à poser cet acte aussi grave du point de vue du respect des valeurs républicaines auxquelles nul citoyen ne saurait se soustraire, c’est bien grâce au silence coupable de la Conférence des
Evêques du Togo ; un silence qui, dans l’esprit de Mgr KPODZRO,
s’apparente à un laisser-aller synonyme d’une autorisation.
Ce qui a fait l’objet de réelles préoccupations dans nos précédentes
lettres adressées à la conférence des Evêques du Togo.
Depuis le samedi 1er février 2020, on note le même silence et la même
indifférence des Evêques comme s’ils en étaient d’ailleurs contents.
La crainte, c’est qu’on finisse par arriver, en l’état actuel des choses, à
une partition de Communauté Catholique.
A titre de témoignage, nous avons été saisis le dimanche 02 février 2020 par certains fidèles aussi bien
de la paroisse St KISITO que d’ailleurs, qui n’ont pas caché leurs inquiétudes sur les menaces d’implosion qui pèsent sur la cohésion de la
communauté, suite à l’incident du samedi.
Selon leurs dires,
l’adoubement du candidat Agbéyomé KODJO organisé dans une paroisse par Mgr KPODZRO avec remise du drapeau togolais, a suscité
dans plusieurs paroisses de vives discussions qui ont failli dégénérer en
altercations entre fidèles.
Ces débats traduisent que, face à notre démission et à notre complicité
tacite, la grande masse des fidèles a l’intention de s’autosaisir de la
situation et prendre ses responsabilités.
« Si cette démarche de la grande communauté est légitime dans le contexte actuel de la démission du clergé face à ses responsabilités, il faut cependant appeler les fidèles à la retenue et à la sagesse pour éviter que ne se transpose au plan national, la résurgence des vieux démons du passé qui avaient divisé le diocèse d’Atakpamé quand Mgr KPODZRO y était encore aux commandes, ou de ceux qui ont été à l’origine de la zizanie créée récemment à Kpalimé. »
Quoi qu’il en soit, l’Eglise a pour vocation de répandre l’amour en
défendant l’ordre, la discipline, le respect et l’obéissance. Ceci doit être pris à cœur par les différents acteurs au sein de la Communauté
Catholique togolaise, qu’ils soient au rang de simples fidèles ou qu’ils soient dans les hautes sommités du clergé.
Dieu bénisse la Communauté Catholique au Togo et dans le monde
entier.
Père Jean-François MAWULE