Dans sa stratégie de riposte face à la pandémie du Coronavirus, le gouvernement togolais a décrété un couvre-feu. Prévu pour s’étendre sur la période de 20h à 6h, le respect de cette mesure est confiée à une force spéciale de 5000 hommes et femmes, gendarmes, policiers et militaires.
Depuis le 02 avril, l’on n’a cessé de recenser des actes de violences commis par ces éléments sur les populations. Des coups et blessures sur un jeune en passant par l’agression subie par un journaliste, l’opinion a dénoncé des actes de « barbarie » et appelé les premiers responsables de la sécurité et de la protection civile à sanctionner ces « indélicats ».
Dans cette réflexion, nous relevons quelques raisons pour lesquelles il est important que le ministre de la Sécurité et de la Protection civile passe à l’acte.
D’abord, il y va de la préservation du pouvoir de l’autorité. Selon le Général de Brigade Yark Damehane, les agents « n’ont pas ordre de frapper ». Cependant, force est de constater que ces actes n’ont pas cessé depuis cette sortie du ministre chez nos confrères de Radio Victoire. Alors, existerait-il d’autres donneurs d’ordres à qui ces gens obéissent ? Ou le ministre donnerait-il, lui-même, des ordres contraires à ses déclarations officielles ?
Dans le premier cas, cela démontrerait donc que l’autorité ne maîtrise pas tous ses hommes et que lui-même serait donc en danger. La seconde hypothèse, quant à elle, nuirait à l’image des décideurs au sein des populations. Et dans l’une ou l’autre de ces situations, l’autorité sortirait fragilisée.
Ensuite, laisser perdurer ces exactions pourrait favoriser la multiplication des gangs, des groupes de malfaiteurs. En effet, si les agents de l’Etat n’ont aucune peine à violenter les citoyens qu’ils devraient protéger, ces derniers ne sauraient donc se tenir lorsqu’ils seraient en face d’un groupe de brigands. Surtout que les tenues similaires à celles des militaires sont accessibles à vil prix sur le marché. Il suffirait donc de s’en procurer, de créer une barrière à un coin de rue puis d’opérer de sales besognes. L’on ne s’en prendrait qu’à la Grande Muette qui, en réalité, en serait innocente.
Enfin, si les citoyens en viennent à perdre toute confiance en la force publique de protection civile, ils adopteront donc des attitudes d’auto-défense. Alors, place à la justice populaire, à des exactions et surtout à la mise en place de milices armées. Dans un contexte international animé par le terrorisme, il serait donc judicieux d’éviter toute attitude pouvant favoriser l’émergence de ces bandes sur la terre de nos aïeux.
A la lumière de ces raisons, nous estimons qu’il importe que l’autorité sévisse. Que les « indélicats » soient écartés et les « éléments incontrôlés », maîtrisés.