L’histoire du Togo ne peut se raconter sans faire référence à une personnalité qui l’a dirigé pendant près de 40 ans. Ce 05 février 2020 marque le quinzième anniversaire de la disparition de cette personne à la fois atypique et un peu mystique. Même les versions de la vraie cause de sa mort ont longtemps divergé.
Que dit l’encyclopédie collective en ligne, wikipédia?
Étienne Eyadéma Gnassingbé, dit Gnassingbé Eyadema, né le 26 décembre 1935 à Pya (Togo) et mort le 5 février 2005 à bord de l’avion présidentiel qui l’évacuait pour des soins vers la France, était un militaire et homme politique togolais. Il a occupé durant 38 ans, de 1967 à sa mort, le poste de Président de la République togolaise et était considéré par des ONG comme un dictateur. Depuis 1999, avec le décès du roi Hassan II du Maroc, il était le doyen des chefs d’État en Afrique.
Biographie
Origines familiales
Issu d’une modeste famille paysanne protestante, Étienne Eyadéma (ses deux prénoms, sous lesquels il se fera appeler jusqu’en 1974, avant finalement d’escamoter le prénom chrétien) Gnassingbé (son nom de famille) serait né le 26 décembre 1935 à Pya, dans le nord du Togo, de Gnassinbgé et de N’danida (connue plus tard comme Maman N’Danida, née en 1878, d’après l’historiographie officielle).
On sait peu de choses sur sa famille, son enfance et son éducation, consciencieusement entourées d’un halo de mystère. Selon la bande dessinée à sa gloire parue en 1976, (Eyadema. Histoire du Togo, Afrique Biblio Club, de Serge Saint-Michel), son père aurait été tué pour s’être rebellé contre les travaux forcés imposés par l’administration coloniale (il s’agira de la seule évocation officielle de cet épisode).
Il perd ainsi son père très tôt, qui aurait succombé après avoir été passé à tabac à la suite d’une altercation avec des éléments de l’armée coloniale, les fameux Abongo sodja, dirigés au moment des faits par un certain Alfa Wissi, originaire de la même région que Gnassingbé, dans des circonstances obscures. Des sources racontent qu’Eyadema, après sa prise de pouvoir, aurait vengé son père en commanditant l’assassinat d’Alfa Wissi, mais ces informations n’ont pas été vérifiées.
Après la mort de son père, Eyadéma s’inscrit à l’école primaire évangélique de Pya.
Légende
La légende raconte qu’il était sorti champion des luttes traditionnelles qui servent de rites préparatoires pour le passage de l’adolescence au monde des adultes.
Carrière militaire
Après avoir travaillé comme métayer chez un agriculteur de Kabou-Sara, en pays Bassar à l’ouest de Kara, Eyadéma part pour Ouidah au Dahomey voisin, actuelle république du Bénin, où il se fait recruter dans les rangs de l’armée coloniale française en 1954. Envoyé en Indochine puis en Algérie, il est resté au poste de soldat dans l’armée française mais fait croire publiquement au peuple qu’il a atteint le grade de sergent à la fin de la guerre. À la suite de l’indépendance politique du Togo et à la fin de la guerre d’Algérie, Eyadéma et d’autres combattants indigènes de l’armée coloniale sont démobilisés et rentrent dans leur pays d’origine, nouvellement indépendants en 1962.
Le coup d’État de 1963
Contrairement aux autres États qui ont incorporé les démobilisés de l’armée coloniale dans les toutes nouvelles armées nationales, le Togo a refusé d’incorporer les démobilisés dans la gendarmerie nationale togolaise, officiellement pour des raisons budgétaires. À l’époque la gendarmerie comptait 300 hommes et une seule caserne à Lomé, sous le commandement du commandant Georges Maîtrier, gendarme français envoyé au Togo comme coopérant et conseiller militaire du chef de l’État togolais. Le président Sylvanus Olympio aurait proposé aux démobilisés de leur octroyer un fonds afin qu’ils investissent dans le projet de leur choix.
Cependant d’autres sources non vérifiées rapportent qu’officieusement, Olympio aurait reproché aux démobilisés d’avoir servi dans une armée coloniale et qu’il n’entendait pas incorporer « ceux qui combattent les combattants de la liberté » dans l’armée togolaise. En janvier 1963, Gnassingbé Eyadéma participe activement à l’assassinat de Sylvanus Olympio, premier président du Togo depuis l’indépendance en 1960. Il revendiquera dans la presse cet assassinat.
Chef d’état-major, puis de l’État
Gnassingbé Eyadéma en 1975.
Rejoignant l’armée togolaise, il devient le 1er novembre 1965 chef d’état-major des armées avec le grade de lieutenant-colonel.
Le 13 janvier 1967, Gnassingbé Eyadéma renverse Nicolas Grunitzky, second président de la République et prend le pouvoir. Le 15 avril, il devient officiellement président de la République, chef du gouvernement et ministre de la Défense. En 1969, il fonde le Rassemblement du peuple togolais (RPT), le parti unique du pays. Le 9 janvier 1972, Gnassingbé Eyadéma est confirmé à la tête de l’État par un plébiscite (réprimant durement toute forme d’opposition politique, il sera inévitablement « réélu » à cinq reprises en 1979, 1986, 1993, 1998 et 2003).
Le 13 janvier 1980 est proclamée la IIIe République. Le 23 septembre 1986, à la suite de l’attaque d’un commando à Lomé, les autorités mettent en cause le Ghana et le Burkina Faso qui démentent. Le président Gnassingbé Eyadéma, en vertu des accords militaires franco-togolais, demande l’aide militaire de la France. Des soldats français débarquent à Lomé.
De la répression au multipartisme
En 1990, des grèves et des manifestations secouent le pays. En octobre 1990, l’armée disperse par la force une manifestation de soutien à de jeunes opposants. Les troubles politiques et sociaux au début des années 1990 ont fait plusieurs centaines de morts. En avril 1991, Gnassingbé Eyadéma est obligé d’instaurer le multipartisme, à la suite des pressions du président français François Mitterrand. Du 8 juillet au 28 août 1991, se tient une « conférence nationale », qui opte pour la mise en place d’un régime semi-présidentiel, institue un Haut conseil de la République (HCR) et impose la nomination d’un Premier ministre.
Des tensions persistantes
En décembre 1991, à Lomé, les chars tirent sur les bureaux du chef de gouvernement. Gnassingbé Eyadéma récupère alors toutes ses prérogatives. Il fait adopter une nouvelle Constitution le 27 septembre 1992. Le 16 novembre, commence une grève générale de plusieurs mois pour obtenir la neutralité politique de l’armée.
Le 25 janvier 1993, la police tire sur une manifestation de l’opposition à Lomé : au moins 16 morts (sources médicales), plus de 50 selon l’opposition. La Communauté européenne suspend sa coopération. Le 25 mars 1993, Gnassingbé Eyadéma échappe à une attaque lancée contre sa résidence officielle. Il avait déjà été l’objet de plusieurs attentats ou de complots.
Scrutins de 1998 et 1999 : une domination toujours écrasante
Le 21 juin 1998, il est réélu lors d’un scrutin contesté par l’opposition (et mis en doute par de nombreux observateurs européens) qui revendique la victoire pour le candidat de l’Union des forces de changement (UFC) Gilchrist Olympio. Le 21 mars 1999, le Rassemblement du peuple togolais (RPT) du président Gnassingbé Eyadéma remporte la quasi-totalité des sièges du Parlement lors des législatives boycottées par l’opposition. En juillet, Gnassingbé Eyadéma s’engage à quitter le pouvoir en 2003 à la fin de son mandat. Un accord est signé entre le pouvoir et l’opposition qui prévoit de nouvelles élections législatives. Plusieurs fois repoussées, elles auront lieu en 2002.
Les révisions normatives de 2002 : le maintien au pouvoir
Le 8 février 2002, le Parlement procède à la modification du code électoral, déclenchant la colère de l’opposition. Le 27 juin, le Premier ministre Agbéyomé Kodjo est démis de ses fonctions. M. Kodjo, qui affirme avoir pris la décision de démissionner, se lance dans une diatribe d’une rare violence contre le chef de l’État et son régime. Les législatives anticipées ont lieu le 27 octobre mais sont boudées par les principaux partis d’opposition dits « traditionnels ». Le RPT confirme sa suprématie à l’Assemblée. Le 30 décembre 2002, le Parlement modifie l’article 59 de la Constitution qui limitait à deux le nombre de mandats présidentiels, ouvrant la voie à une nouvelle candidature de Gnassingbé Eyadéma. Le 2 mai 2003, la candidature de l’opposant Gilchrist Olympio à la présidentielle n’est pas retenue par la Commission électorale pour cause de « dossier incomplet » (il manque un certificat médical). Le 21 mai, Gilchrist Olympio dénonce « le coup d’État permanent » du chef de l’État. Le 1er juin, Gnassingbé Eyadéma est réélu pour un troisième mandat de cinq ans avec 57,78 % des voix lors d’un scrutin dont les résultats sont contestés par plusieurs dirigeants de l’opposition. Le 20 juin, il prête serment devant sept chefs d’État africains.
En 2004, à la suite de l’engagement de la tenue d’élections législatives en 2005, l’Union européenne normalise partiellement ses relations avec le Togo.
Mort
Gnassingbé Eyadema meurt le 5 février 2005, victime des conséquences d’une crise cardiaque subie le matin même dans sa ville natale de Pya, à bord du Boeing 707 présidentiel, qui survole alors la Tunisie et l’évacue vers l’Europe pour raisons sanitaires. À l’annonce de son décès, le président français Jacques Chirac a présenté ses condoléances à sa famille en rappelant : « Avec lui disparaît un ami de la France qui était pour moi un ami personnel ».
La politique d’Eyadema
Un « ami de la France »
Dès sa prise de pouvoir, Gnassingbé Eyadéma reçoit le soutien de la France. Il conserve ce soutien de la part des différents présidents français, de Charles de Gaulle à Jacques Chirac. Il est le fer de lance de la politique française et de la défense des intérêts français dans la sous-région.
Droits humains
Gnassingbé Eyadema au Colloque sur la promotion de la femme face aux responsabilités communales, organisé conjointement par l’Agence de coopération culturelle et technique et la Fédération mondiale des Villes jumelées à Lomé au Togo du 26 au 31 juillet 1975.
Les organisations de défense des droits de l’homme, tant togolaises qu’internationales, ont régulièrement dénoncé les atteintes aux droits de l’homme commises par le régime de Gnassingbé Eyadéma. Le 5 mai 1999, Amnesty International, dans un rapport intitulé « Le règne de la terreur » accuse le pouvoir d’avoir exécuté des centaines de personnes et jeté leur corps à la mer après la proclamation des résultats de l’élection de 1998. En juin 2004, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) accable le régime dans un rapport intitulé « Togo, l’arbitraire comme norme et 37 ans de dictature » où elle dénonce « la torture systématique dans les commissariats en toute impunité, la justice aux ordres du pouvoir, les prisons surpeuplées et les élections truquées »8. François Barazer de Lannurien, ancien de la 33e Waffen-Grenadier-Division de la SS Charlemagne fut parmi ses conseillers.
Source // wikipédia