Dans un entretien accordé au journal espagnol « EL MUNDO », le professeur de sciences politiques, José Javier Olivas a réfuté les allégations contenues dans les différents rapports publiés par le laboratoire Citizen lab. Il a souligné que les indépendantistes cherchent à annuler les condamnations du « procès », en se basant sur un rapport dépourvu de crédibilité et en instrumentalisant la Commission d’enquête du Parlement Européen sur l’utilisation de Pegasus (PEGA) Par Julio Valdeon.
Sur son compte Twitter, José Javier Olivas a écrit qu’il n’y a pas d’Oscar en vue pour Clara Ponsatí, en référence à la récente arrestation de l’eurodéputée, accusée de désobéissance. « Elle feint d’être surprise lorsqu’elle a été arrêtée, même si elle a été entourée de journalistes convoqués précisément pour immortaliser le moment de son arrestation », a expliqué Olivas, professeur de la London School of Economics et chercheur au département de sciences politiques et d’administration de l’UNED, qui connaît bien les manigances des indépendantistes. Il a enquêté d’une manière profonde sur le rapport « Catalan-gate » publié par le « Citizen Lab » de Toronto, « un travail de recherche truffé d’erreurs et de lacunes méthodologiques, qui font douter de sa fiabilité ».
Pour le professeur, ce laboratoire canadien « fait preuve d’un manque total de transparence en ce qui concerne la méthodologie adoptée, ce qui est anormal dans le monde universitaire, où le chercheur doit, également, préciser les possibles conflits d’intérêts économiques ou politiques ». Il a rappelé que « de nombreux universitaires ont demandé à Citizen Lab de fournir des informations sur ses recherches, mais le laboratoire canadien a refusé. Par exemple, les experts de Citizen Lab ne disent pas combien de dispositifs ont été analysés, car ce n’est pas la même chose qu’il y en ait 50 et que tous soient positifs, ou qu’il y en ait 2000 et que seulement 50 soient positifs. Ils ne précisent pas non plus qui les a analysés, ni quand, ni comment. Et chaque fois que nous soulignons les lacunes du rapport, Citizen Lab adopte une attitude arrogante, discréditant ceux qui leur demandent des explications ». Curieux, n’est-ce pas ? « Surtout parce qu’ils demandent des explications aux gouvernements et aux entreprises et exigent qu’ils soient transparents, sachant qu’ils ne respectent pas les normes de la transparence académique ». 2 Le rapport a été promu par Ronan Farrow dans le « New Yorker », puis rapporté par le « Washington Post ». « C’était bien ficelé. Ils ont lancé une campagne bien orchestrée, au niveau international. La campagne n’a pas seulement accusé l’Espagne, mais a également fait taire les voix critiques. « Citizen Lab » a des contacts avec de nombreux journalistes spécialistes dans le domaine de la technologie. Ceux qui ont enquêté sur la fiabilité du rapport de « Citizen Lab » ont été harcelés sur les réseaux sociaux ou ont subi des tentatives de discréditation. « Si nous examinons les conclusions de la PEGA, l’Espagne y est signalée du doigt. Les indépendantistes catalans instrumentalisent cette commission d’enquête pour obtenir l’annulation des procès des indépendantistes ». En revanche, ni le gouvernement, ni la plupart des partis politiques espagnols, ne semblent reconnaître l’importance de cette manœuvre, qui mine la crédibilité de l’Etat de droit. « Ils n’ont pas utilisé les outils disponibles pour s’opposer à la campagne de désinformation. Le gouvernement n’a pas non plus envoyé d’émissaires pour remettre en question la qualité du rapport. Le récit est celui conçu par les indépendantistes et Citizen Lab ». « Toutes les informations qui démontrent qu’il s’agit d’une campagne d’intoxication ont été recueillies par des citoyens comme moi, qui ont enquêté sur l’affaire pendant leur temps libre, sans aucun soutien institutionnel. Il est normal que l’indépendantisme et Citizen Lab aient senti qu’ils jouissaient d’une certaine impunité », a ajouté Olivas. Pour illustrer l’ampleur de la campagne de désinformation, le professeur raconte : « quelqu’un a emmené à Barcelone le correspondant d’un journal japonais à Bruxelles, pour interviewer José Bové (ex-eurodéputé français), avant de publier un article très critique contre l’Espagne au Japon ». De plus, selon le professeur, il semble que les ambassades et les consulats n’aient pas pour mandat de contrer ces initiatives de désinformation.