La cérémonie annuelle de libération de certains pensionnaires du centre de traitement et de prière : Action d’Aide et d’Appui pour la Réhabilitation des Usagers de Drogues dit « Agbenyuikope » à Bagbe, localité située à environ 27 km de Lomé dans la préfecture de l’Ave, s’est tenue le samedi 08 Août 2020.
C’est sous le regard empreint de joie que parents, proches, membres des familles et amis ont assisté à cette cérémonie de libération de leurs fils en présence des responsables du centre Action d’Aide et d’Appui et de Réhabilitation des Usagers et de Drogues, des autorités religieuses de l’église des Assemblées de Dieu du Togo, des autorités administratives, traditionnelles et militaires de cette localité.
Après plusieurs mois passés dans le centre où ils ont été accueillis dans un état de dépression, les dix (10) anciens usagers de drogues et d’alcool ont recouvré leur lucidité.
Des témoignages:
Halid ancien toxicomane : « J’ai connu la drogue et en particulier le cannabis à travers les mauvaises compagnies alors que je fréquentais bien, j’avais les bonnes notes et j’avais même eu une bourse pour continuer les études aux États-Unis. Mais c’est quand je suis arrivé dans ce pays que j’ai eu des camarades d’écoles qui m’ont entraîné dans la prise de drogue. Après, c’est devenu une habitude et une dépendance par la suite. Je ne restais pas à la maison, il m’arrivait de passer plusieurs jours dehors et quand je rentre à la maison, j’étais difficile avec les parents. C’était les querelles, une situation de tension permanente. Quand j’étais renvoyé à Lomé, j’ai malheureusement encore fait la rencontre des mauvais amis et je continuais par faire usage des stupéfiants. C’est par le biais d’un ami de la famille que j’ai été amené à ce centre Agbenyuikope. J’avoue qu’au début c’était très difficile pour moi quand j’étais admis dans ce centre et j’entretenais même l’idée de fuir. Mais au bout d’un temps je me suis vraiment donné aux prières, aux jeûnes et aux retraites. J’ai vu donc par la suite qu’il y’a un changement qui s’est opéré en moi quand un jour une prédication d’un pasteur m’a touché et j’ai pris conscience de ce que j’étais devenu, cela m’a poussé à décider de ne plus vivre cette vie-là. Aujourd’hui en quittant le centre, je pars avec une nouvelle vie ».
Eric, ancien drogué: « En fait moi j’ai débuté sur les bancs à travers les mauvaises compagnies en plus de boire et fumer je volais aussi et je faisais de la fornication. C’était la bagarre avec mes proches et parents surtout. J’ai été amené au centre Agbenyuikope en janvier 2020. Et sérieusement au début, je ne voulais pas y rester puisque je n’ai pas vécu dans un milieu isolé comme celui-ci. Mais avec le Saint-Esprit je me suis habitué. C’est une joie qui m’anime quand je sors aujourd’hui totalement guéri et délivrer par Dieu de cette prison de l’alcool et de la drogue. J’avais cherché ce jour en vain mais par la grâce c’est arrivé. Dans ma nouvelle vie que je m’apprête à rentrer, il est écrit qu’avec Dieu on fera des exploits donc je vais me mettre au travail pour rattraper tous mes amis qui m’ont dépassé et surtout je vais éviter les mauvais amis pour ne plus tomber dans ces travers ».
Ces anciens usagers des substances psychotropes guérissent à l’issue d’un traitement médical et d’accompagnement par la prière.
« Il faut vous dire que « Agbenyuikope » notre centre est un lieu de démonstration de la puissance de Dieu. Ils sont venu K.O et ils repartent O.K et cela c’est grâce à Dieu, le Dieu de nos aïeux Abraham, Eli et autres qui ont guéri par le passé, guéri aujourd’hui et guérira demain. Moi je n’ai servi que de canal par lequel, Jésus-Christ le grand médecin s’est servi pour les guérir. D’abord c’est un travail professionnel que nous faisons. Ce n’est pas seulement la prière, il y’a l’écoute, la guidance et le référencement. La 1ère étape c’est l’écoute quand un usager arrive dans notre centre, on l’écoute et cette séance peut durer quelques heures parce qu’il y’a des fois des résistances de la part de l’usager. Après l’écoute, le 2nd travail c’est qu’il gagne votre confiance, c’est très important. Vous êtes devenu son papa et sa maman. Il faut qu’il gagne la communication avec vous, communiquer autant que cela est possible avec lui pour lui arracher la confiance. Et quand la confiance est établie, il se confie à vous et même ce qu’il ne pourra pas dire à ses parents, il vous le dira. Le traitement que nous administrons à ces usagers de drogues et d’alcool est pluridimensionnaire. Il y’a les parents, les psychiatres, psychologues, le Professeur DASSA du comité anti-drogue qui apporte son assistance, le prêtre et le pasteur, donc c’est toute une équipe qui les entoure. Ils ne peuvent que guérir. Il est aussi vrai qu’ils sont difficiles et imprévisibles nos amis. Ils peuvent vous gifler et vous taper, j’en ai fait les frais à plusieurs fois, j’avoue. Pour la petite histoire j’avais fait planter cinq cent (500) butes d’ignames pour leur propre consommation. Mais ils ont tous déterré cela pour les manger à mon insu. Autres choses en juin passé, à l’occasion de la journée de l’arbre j’ai aussi fait planter quarante (40) pieds de jeunes plants de manguier, et au même moment où ils devaient sarcler la parcelle, ils ont aussi arraché tous ces jeunes plants sous prétexte qu’ils les ont confondu aux mauvais herbes », a déclaré le promoteur et directeur exécutif du centre ACAARD, l’Evangéliste Yao Epiphane.
Le centre Action d’Aide et d’Appui pour la Réhabilitation des Usagers de Drogues (ACAARD) est créée en 2011. Bien avant son installation officielle, l’Evangéliste Yao Épiphane et sa femme qui malheureusement vient de mourir à la suite d’une maladie, apportent leur soutien aux usagers de drogues dans les ghettos depuis déjà 25 ans. Et ce jubilé d’argent sera célébré le 13 Décembre prochain, au palais des congrès de Lomé.