A Petropolis, deux jours après les pluies les plus importantes en quatre-vingt-dix ans dans cette ville touristique du sud-est du Brésil, le bilan, d’au moins 117 morts, est toujours provisoire.
Le Brésil vit une saison des pluies particulièrement meurtrière cette année. Deux jours après les pluies les plus fortes recensées en quatre-vingt-dix ans à Petropolis, au Brésil, au moins 117 personnes ont perdu la vie dans les inondations et les glissements de terrain, a annoncé, jeudi 17 février, la défense civile.
Les habitants de plusieurs quartiers de cette ville de 300 000 habitants, située dans une région montagneuse à 60 km au nord de Rio de Janeiro, ont été appelés en fin d’après-midi par des alarmes et des SMS à se mettre à l’abri chez des proches ou dans des refuges « en raison du volume de pluie qui tombe sur la ville et va continuer, avec une intensité modérée à forte, dans les prochaines heures », a alerté la défense civile.
Au moins deux rues ont été fermées et leurs habitants évacués après un glissement de « blocs rocheux », qui n’a fait aucun blessé, ont ajouté les secours.
Ces nouvelles précipitations surviennent 48 heures après les pluies torrentielles qui ont transformé les rues pittoresques de cette ville touristique, en rivières de boue, détruisant les maisons et charriant des dizaines de voitures et bus avec leurs passagers.
Alors que les enterrements de victimes se succédaient au cimetière municipal, sauveteurs et bénévoles continuaient jeudi de fouiller la boue et les décombres à la recherche de personnes disparues. Selon les autorités, quelque 500 pompiers, aidés de centaines de volontaires, sont mobilisés pour fouiller les décombres.
« Malheureusement, ça va être dur de trouver des survivants. Vu la situation, c’est même pratiquement impossible, mais nous devons donner notre maximum, pour pouvoir rendre les corps aux familles », a confié à l’Agence France-Presse (AFP), Luciano Gonçalves, un bénévole de 26 ans couvert de boue. « Il faut prendre beaucoup de précautions parce qu’il y a encore des zones à risque », menacées par des glissements de terrain, ajoute-t-il.
Le nombre de disparus reste indéterminé, seuls 41 corps, selon TV Globo, ayant été jusqu’à présent identifiés. La police locale a fait état de 116 disparus, contre 35 recensés par le ministère public.
En moins de six heures, certains points de Petropolis ont reçu jusqu’à 260 millimètres d’eau, un volume supérieur à ce qui était attendu pour tout le mois de février, selon l’agence météorologique MetSul. Le gouverneur de l’Etat de Rio de Janeiro, Claudio Castro, a évoqué lors d’une conférence de presse « les pires pluies depuis 1932 ». La municipalité a décrété l’« état de calamité » pour faire face à l’urgence. Jeudi, environ 850 personnes avaient été recueillies dans des refuges improvisés, en majorité des écoles publiques.
Le Brésil a été frappé en cette saison des pluies par des précipitations particulièrement meurtrières, dans les Etats de Bahia (nord-est), du Minas Gerais et de Sao Paulo (sud-est), que les experts ont liées au réchauffement climatique. Avec le réchauffement climatique, les risques d’épisodes de fortes précipitations augmentent, selon les scientifiques.
Une « tragédie », regrette Jair Bolsonaro
Des images ont circulé sur les réseaux sociaux et dans les médias, montrant des habitations détruites par des glissements de terrain et des voitures violemment emportées par le courant. D’énormes quantités de boue ont englouti des habitations et des toits en tôle arrachés jonchaient le sol. Un important débit d’eau boueuse s’écoulait toujours des collines, mercredi matin. De nombreux commerces ont été complètement inondés par l’eau qui a dévalé dans les rues du centre historique de Petropolis. Résidence d’été de l’ancienne cour impériale, la ville est une destination touristique.
De Russie, où il se trouve en visite, le président brésilien, Jair Bolsonaro, a écrit mercredi sur Twitter qu’il se tenait informé de « la tragédie » et a demandé à ses ministres d’apporter « une aide immédiate aux victimes ». « Que Dieu réconforte les familles des victimes ! », a-t-il ajouté.
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En janvier 2011, plus de neuf cents personnes avaient péri dans la région montagneuse de Rio en raison de fortes pluies qui avaient provoqué des inondations et des glissements de terrain dans une vaste région comprenant Petropolis et les villes voisines de Nova Friburgo, Itaipava et Teresopolis. A Petropolis même, le nombre des morts dues aux pluies diluviennes de mardi a déjà dépassé le bilan de 2011, quand 73 personnes avaient été tuées dans cette ville.
Avec Le Monde et AFP