Dans un effort pour s’installer davantage de rigueur et de sérieux dans les cursus de Masters au sein des universités togolaises, une réforme majeure vient d’être mise en place. Désormais, les diplômes de licence et Master sont soumis à des examens nationaux standardisés, tant dans les établissements publics que privés.
Cette mesure vise à garantir une évaluation équitable et impartiale des compétences des étudiants, tout en rehaussant la qualité de l’enseignement supérieur au Togo.
Avant cette réforme, le système d’évaluation des Masters variait d’une université à une autre, entraînant parfois des incohérences dans l’obtention des diplômes et suscitant des doutes quant à la désignation de certaines filières. En centralisant les examens au niveau national, le gouvernement togolais entend uniformiser les critères d’évaluation et assurer une meilleure équité entre les étudiants issus de différentes institutions.
Les auteurs positifs de cette initiative sont multiples. Tout d’abord, elle permettra de renforcer la reconnaissance internationale des diplômes togolais, facilitant ainsi la mobilité des étudiants à l’échelle mondiale. De plus, elle encouragera les établissements d’enseignement à maintenir un niveau d’excellence élevé, stimulant ainsi la compétitivité globale du système éducatif togolais.
Cette réforme ambitionne également de promouvoir la recherche académique et l’innovation en offrant aux étudiants des conditions propices à l’épanouissement de leur potentiel intellectuel. Elle s’inscrit ainsi dans une volonté de moderniser l’enseignement supérieur au Togo, afin de répondre aux défis de notre époque et de contribuer au développement socio-économique du pays.
Cette nouvelle approche de l’évaluation des diplômes de licence et Master marque un tournant significatif dans l’histoire de l’Enseignement Supérieur au Togo. En instaurant des examens nationaux, le pays s’engage résolument vers l’excellence académique et aspire à une ancienne génération d’étudiants compétents, innovants et bien préparés pour affronter les défis du futur.
Des inquiétudes et interrogations
Mais cette nouvelle réforme, même si elle salutaire, ne semble faire l’unanimité dans l’enseignement supérieur et pour cause. Elle suscite beaucoup d’interrogations.
Il faut souligner que l’émergence des Etablissements Privés de l’Enseignement Supérieur (EPES) date de 1986 et a atteint son paroxysme, sa maturité en 1994 avec comme objectif, suppléer l’Etat en désengorgeant l’Université du Bénin d’alors, aujourd’hui Université de Lomé d’une massification de la population estudiantine.
C’est dans la même optique que le projet de l’Université de Kara initié dans les années 1977-1978 a refait surface et matérialisé le 21 janvier 1999 puis rendu opérationnel le 23 janvier 2004.
Jusqu’ici, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR) a joué un rôle de Conseil en vue d’accompagner le développement des EPES qui, aujourd’hui, drainent un nombre d’Etudiants étrangers et nationaux.
Après un processus d’harmonisation des curricula très discutables, le MESR envisage que les Licences et Masters feront dorénavant l’objet d’un Examen National.
Remettre en cause les programmes de formation des EPES, avec tous les adjectifs employés par les MESR comme justificatifs, revient clairement à la remise en cause du processus d’agréments des EPS délivrés par le même Ministère. Notons que, tous les programmes exécutés jusqu’à ce jour ont été validés par le MESR lors de la demande d’ouverture et d’agrément.
Par ailleurs, avec ces mêmes programmes, la certification du CAMES est obtenue par certaines EPES. En termes clairs, des programmes sont reconnus par la communauté universitaire internationale.
La mesure d’Examen National envisagée nous parait hasardeuse et dangereuse d’une part, et porte gravement atteinte à l’esprit LMD d’autre part, estiment les responsables des EPES.
Est-il possible d’organiser sereinement 400 à 800 Examens Nationaux par an si l’on tient compte du nombre des filières existant dans chaque Etablissement ?
A quoi serviraient donc les relevés semestriels délivrés par les EPES ?
Quel sort réservé à la mobilité qui est l’une des particularités et caractéristiques primordiales du système LMD ?
N’est-ce pas la fermeture assurée des portes des EPES du Togo très prisés par les Etudiants étrangers en les encourageant de facto à se diriger vers les pays de la sous-région tels que le Burkina Faso, la côte d’Ivoire, le Niger et le Sénégal pour ne citer que ceux-là ?
L’exemple du Bénin en matière d’Examen National est singulier.
Pourquoi stigmatiser les EPES alors que ceux-ci emploient dans certains cas les mêmes Enseignants que le Public (Professeurs Associés et Vacataires Professionnels Experts dans leurs domaines) ? s’interroge t-on
L’argument selon lequel les diplômes sont distribués sans mérite par les EPES est fallacieux et indigne de ceux qui tiennent ces propos.
Cet argument remet en cause la moralité des Enseignants Togolais et jette l’opprobre sur tout le système éducatif de notre cher pays le Togo.
Nous rappelons aux tenants de ces propos discourtois et ignominieux que la plupart de nos collègues enseignants chercheurs ont obtenu leurs Grades au CAMES après des études normales, réglementaires et efforts soutenus.
Il nous plait aussi d’indiquer que ces collègues ont signé les Code d’Ethique et de Déontologie du CAMES pour chaque activité qui se rapporte à l’Enseignement Supérieur.
En outre l’EPES souhaite avoir les critères de choix de l’International Investment Corporation Sarl l’ayant permis de réaliser la mission relative à la conception des maquettes des offres de formation de l’enseignement supérieur.
En effet, n’étant pas du domaine de l’enseignement supérieur, nous craignons que les résultats de l’étude ne reflètent pas la réalité du terrain.
Pour toutes ces raisons, le RIESIP demande au MESR de renoncer à son projet et de rester dans son rôle de Conseil. C’est pour cela que le décret N°2022-141/PR du 31 décembre 2022 portant création de l’Agence Nationale d’Assurance Qualité de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ANAQUES) au chapitre 2 en son article 4 est salutaire et vient à point nommé.
Il est à remarquer aussi que les EPES ne bénéficient d’aucune subvention de l’Etat telle que pratiquée dans les pays de la sous-région.
Enfin, l’adhésion du Togo au Commonwealth milite en faveur de la création des EPES et de la liberté de délivrer des diplômes aux méritants.
Rappel Parcours LMD
Le parcours est composé d’un ensemble d’unités d’enseignement (UE) capitalisables abordées dans un ordre logique et cohérent.
Les crédits
Les études au COA-ISSPMM comportent trois niveaux : le Bachelor, le Master et le Doctorat. Elles sont organisées en semestres, représentant chacun 30 crédits de formation capitalisables et transférables d’une université à l’autre. Le Bachelor ou Licence Professionnelle correspond ainsi à 6 semestres, soit 180 Crédits. Le Master en Médecine Mixte correspond à 6 semestres supplémentaires, soit 180 crédits encore. Les autres Masters de Bio-ingénierie Médico-Environnementale et de Sciences Pharmaceutiques option galénique correspondent à 4 semestres supplémentaires, soit 120 Crédits et le Doctorat à la soutenance de thèse.
La validation des acquis de l’étudiant (contrôle continu, examens, etc.) dans une unité d´enseignement s’accompagne de l’attribution de crédits. Le nombre de crédits attribués est proportionné au volume d’heures de cours magistraux CM, de travaux dirigés (TD), et de travaux pratique TP et de monitoring. Les crédits peuvent aussi valider un stage ou un mémoire
Un crédit est une unité permettant d’attribuer une valeur à la charge de travail requise pour atteindre les objectifs d’une UE Un crédit correspond à 20 heures de charges de travail pour étudiant (cours, TD, TP, recherche, stage et travail personnel)
Un semestre comporte 30 crédits : Il correspond à 600 heures de charge de travail pour l’étudiant. Soit un maximum de 360 heures d’enseignement présentiel /semestre (exceptionnellement 420h), L’enseignement présentiel = 30 heures/semaine maximum (exceptionnellement 35H).
Source : Le Magnan Libéré n°703 du mercredi 09 août 2023
